


Dicks Volume 2 (DICKS (COLOR ED) TP)
M**L
Five Stars
Very happy with item thanks.
P**E
Médiocrité, imbécillité et vulgarité assumées
Ce tome fait suite à Dicks 1 (épisodes 1 à 4) des mêmes auteurs, qu'il n'est pas indispensables d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 5 à 8 ainsi que les 2 numéros spéciaux de Noël, initialement parus en 2002 (pour les épisodes de Dicks II), 2003 et 2005 (pour les épisodes spéciaux), écrits par Garth Ennis, dessinés et encrés par John McCrea, mis en couleurs par le studio Digikore.Prologue (9 pages) - Dougie Patterson se rend chez son ex-femme pour verser sa pension alimentaire comme l'exige la décision du juge. Il se fait frapper dans les bijoux de famille par son fils, ridiculiser par Valerie Patterson qui l'humilie, et mépriser par le nouvel amant de son ex-femme. De son côté, Ivor Thompson rend compte de son investigation sur une épouse infidèle à son mari. Celui part se suicider dans sa chambre, sans avoir payé sa facture. Igor et Dougie se retrouvent pour descendre une bière dans le bar qui leur sert de QG. Ils y retrouvent leurs potes : Spence (un blanc qui parle à la manière d'un black du ghetto, avec une crédibilité nulle et un ridicule maximum), W (l'initiale de Anker, surnommé par la suite l'Hédoniste) avec toujours son bras droit surdéveloppé du fait de ses activités masturbatoires), et Willy, un individu normal à ceci près qu'il fréquente les 4 autres Igor leur explique son idée : ils vont fonder un groupe de rock dont il sera le chanteur, Dougie sera le guitariste solo, Willy le guitariste rythmique, Spence le bassiste et W le batteur. Aux toilettes, Dougie entend cette proposition et sent le désespoir s'emparer de lui, comme à chaque fois qu'Igor propose une idée catastrophique.Igor et Dougie empruntent de l'argent à McKecknie pour acheter des instruments. Ils se font repérer par un manager appelé Dutchie (aux pratiques sexuelles bizarres) et contre toute attente leur groupe fonctionne assez bien pour qu'ils puissent partir en tournée aux États-Unis. Par un concours de circonstance à peine croyable (pas du tout crédible en fait), Dougie Patterson et Igor Thompson se retrouvent seuls à bord de la navette spatiale américaine, en route pour l'espace. Parce que ça n'arrive qu'à eux, ils se font capturer par des extraterrestres en forme de pénis anthropoïde qui s'apprêtent à détruire les terriens en les bombardant d'un rayon de haine, en commençant par Belfast. De retour sur Terre (ne demandez pas comment), ils doivent stopper une sorte de Godzilla et une sorte de King Kong en train de ravager Belfast. Pour Noël, ils doivent arrêter l'antéchrist incarné sous la forme d'un nouveau-né. Pour le Noël suivant, il leur faut enquêter sur une série d'individus assassinés par leur fèces.En entamant ce deuxième tome de la réédition des aventures d'Igor et Dougie, le lecteur n'a aucun doute sur ce qui l'attend : de l'humour vulgaire et crade, omniprésent dans les péripéties impossibles de 2 individus aussi incompétents que peu futés. La seule question qui se pose est de savoir si John McCrea & Garth Ennis sauront tenir la distance dans cet humour potache. C'est bien sûr une question idiote, comme de parier qu'on peut boire plus de bières qu'un pilier de bar. Garth Ennis a conçu une intrigue linéaire, qui en mérite quand même le nom, partant d'une idée moins saugrenue que prévu d'Igor (former un groupe de rock à tendance punk, en tout cas ils ne savent pas jouer d'un instrument), jusqu'à un retour fracassant à Belfast en passant par un voyage dans l'espace. Un peu plus que dans le premier tome, le lecteur peut s'amuser à repérer les références : Godzilla, King Kong, George Bush, l'Étoile Noire de Star Wars, Aliens, et bien sûr Rosemary's Baby (1968) de Roman Polanski et L'exorciste (1973) de William Friedkin.L'introduction commence sur le thème de l'humiliation perpétuelle de Dougie Patterson subissant avanie après avanie, ratant sa vie à rester aux côtés d'Igor Thompson, à accepter de le suivre, dans une entreprise crétine après l'autre, dans un échec après l'autre. Comme à son habitude, Garth Ennis sait surprendre son lecteur, en l'occurrence en étoffant la relation entre les 2 potes. Igor n'arrête pas de le traiter d'homosexuel et de l'entraîner dans ses plans pathétiques, ce qui finit par peser sur Dougie qui constate le gâchis qu'est sa vie, et qui envisage de se pendre plutôt que de continuer à s'avilir de la sorte. Malgré les exagérations systématiques des dessins, le lecteur peut voir que ce mode de vie pèse sur Dougie, alors qu'Igor continue à faire preuve d'un entrain que rien ne vient entamer. Garth Ennis ne se limite pas à jouer sur l'amitié vache qu'Igor porte à Dougie, Il finit par mettre en scène une confrontation entre les 2 compères sur cette relation qui ne semble à profiter qu'à l'un d'entre eux. Comme à son habitude, le scénariste n'a pas son pareil pour évoquer l'amitié virile entre potes.Dès le tome précédent, le lecteur a bien compris qu'il ne doit pas s'attendre à des intrigues plausibles, même avec une solide dose de suspension consentie d'incrédulité. Ce n'est tout simplement pas ce genre de récit. L'objectif est d'utiliser l'exagération jusqu'à l'absurde pour un humour foncièrement noir, jouant sur la médiocrité des individus et les fonctions physiologiques produisant des fluides ou des déjections. C'est de l'humour qui tâche, tout autant que dans le premier tome, voir encore plus, si c'est possible. Ennis se lâche toujours plus pour des situations énormes et sales, et John McCrea se fait un devoir d'être à la hauteur de cette imagination vulgaire et répugnante. L'Hédoniste continue à se livrer au plaisir solitaire avec des émissions de liquide séminal en quantité défiant l'imagination, et ayant depuis longtemps dépassé l'humainement possible. Igor prend toujours autant de plaisir physique à couler un bronze. Il faut voir son plaisir enfantin quand il regarder ses excréments voleter dans la navette spatiale en apesanteur. Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur le caractère scatophile et répugnant du tueur en forme d'excrément géant. N'oublions pas un ou deux seaux remplis de vomis. Le dessinateur fait preuve d'une énergie incroyable pour dessiner ces fluides giclant par gerbe.Du début jusqu'à la fin, John McCrea dessine en exagérant les morphologies des personnages (la moustache impossible de Dougie, la silhouette d'Igor, proche de celle d'Obélix), les mouvements trop saccadés ou trop amples, et les expressions des visages pour montrer des émotions intenses, sans parler des abondantes gouttes de sueur. Le lecteur éprouvera des difficultés à se remettre du prêteur sur gages, un individu très imposant, agitant un sécateur, prêt à s'automutiler pour prouver qu'il supporte la douleur sous toutes ses formes, ou de la mère d'Igor déformée par l'âge et complètement démente en préparant des saucisses qui ont la forme de verge comme si elle venait de les couper sur des mâles non consentants. La vigueur avec laquelle le cuistot du restaurant chinois débite des poulets fait peur à voir. Il ne pourra jamais oublier l'énormité de l'engin qui pend jusqu'à terre entre les cuisses du diable. Les couvertures alternatives sont particulièrement obscènes dans leur façon de représenter des actes sexuels que les partenaires consentants regrettent déjà et auxquels seul le désespoir les a fait consentir.Bien sûr, John McCrea ne s'adonne pas à la représentation photographique des différents environnements. Il les exagère et les simplifie de manière drastique. Ennis n'hésite pas à se moquer de lui en plaçant un cartouche de texte sur un fond vide pour indiquer que McCrea n'avait aucune envie de passer du temps à dessiner une demeure luxueuse. Toutefois, il dessine assez de décors pour que le lecteur sache où se déroule chaque action et l'exagération des éléments de décor permet de mieux faire passer les pires énormités du scénario, comme le voyage en navette spatiale, ou les 2 monstres Kaiju. Après coup, il est difficile d'imaginer qu'un autre artiste ait pu réussir à faire passer ce monstre composé de déjection humaine avec le même naturel que le fait McCrea. Comme dans le premier tome, les 2 auteurs prennent soin de ne pas se reposer sur des corps de femme dénudés pour attirer le lecteur. Ils font exprès de mettre en scène la nudité masculine dans ce qu'elle a de plus vulgaire et de plus prétentieuse pour tourner en dérision la toute-puissance du phallus qui n'existe que dans la tête des personnages.Arrivé à la fin, le lecteur en vient à regretter que les séquences annexes qui se trouvaient en fin de chaque épisode dans le tome 1 n'aient pas été reconduite. Il n'y a que 2 pages d'accordées à un superhéros imaginé sur la base d'une idée offensante, et les auteurs tiennent à nouveau leur promesse dans la provocation sale et méchante, digne d'Hara-Kiri. Le lecteur ne retrouve la péripatéticienne qui en prend 3 à la fois qu'à une seule occasion, mais elle ne démérite pas par rapport à sa réputation. Garth Ennis se montre d'une vulgarité constante du début jusqu'à la fin, tout en réussissant à donner de la consistance à l'amitié qui lie Igor et Dougie, et à évoquer les troubles en Irlande, avec une franchise décoiffante. Il évoque les problématiques de réconciliation et de mise en œuvre du pardon, avec une sensibilité que le lecteur n'aurait pas cru possible dans le contexte d'un récit aussi provocateur.Ce deuxième tome de la série tient toutes ses promesses, les auteurs se montrant aussi inventifs et répugnants que dans le premier. Le lecteur se rend bien compte que s'il apprécie une telle lecture, ça en dit long sur sa personnalité, son penchant affirmé pour le mauvais goût bien gras, bien lourd, et cela sous-entend qu'il reconnaît sa propre médiocrité dans celle d'Igor et de Dougie, et que cela ne l'empêche pas de vivre sa vie banale et pathétique. Dicks 1Rosemary's BabyL'exorciste
Trustpilot
2 weeks ago
3 days ago